L'inspirante solidarité de Sokunthea :

L'inspirante solidarité de Sokunthea

Sokunthea assise à son bureau

Sokunthea revient avec émotion sur son enfance sur la décharge, sa rencontre avec PSE et comment Christian et Marie-France des Pallières ont changé sa vie.

« Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? » résonne encore aux oreilles de Sokunthea la voix de Papy, Christian des Pallières le fondateur de PSE, lors de leur rencontre en 1998 sur la décharge municipale de Phnom Penh au Cambodge. Aujourd'hui, Sokunthea a 33 ans et est assistante sociale à PSE.

Une enfance entre violence et insécurité

1998. Depuis la séparation de ses parents, Sokunthea vit avec deux de ses frères, chez son père. Ses deux petites soeurs et son petit frère sont restés vivre avec leur mère. Sokunthea vit dans une toute petite cabane au bord de la grande décharge de Stung Meanchey. 

Comme beaucoup d'enfants de son entourage, elle ne va pas à l'école. L'éducation n'est pas une priorité pour une petite fille qui bataille tous les jours pour trouver de quoi se nourrir. Avec ses frères, elle passe ses journées sur la décharge, dans l'espoir de trouver quelques déchets à revendre contre une poignée de riels. Son père, consommateur de drogue, alcoolique et violent, utilise le peu d'argent de la famille pour lui. 

Un jour, Sokunthea rencontre un homme occidental sur la décharge. Il est accompagné d'une petite fille, Leakhéna, qui l'aide à traduire ses paroles en khmer. Christian des Pallières, fondateur de PSE, propose son aide à Sokunthea et celle-ci demande simplement de la nourriture. Le lendemain, il revient et nourrit les enfants. Sokunthea ne le sait pas encore mais cette rencontre va changer sa vie et la faim ne fera bientôt plus partie de son quotidien. 

Portrait de Sokunthea, enfant, lorsqu'elle travaillait sur l'ancienne décharge

Un combat pour l'éducation

Une fois rassasiée, Sokunthea demande à Christian et Marie-France d'aller à l'école. Mais son père s'y oppose fermement. Evoquer la question lui assure des coups. Alors Christian rend visite à la famille pour discuter : en échange de nourriture pour la semaine, Sokunthea pourra aller à l'école. En réalité, cela dépendra de la sobriété de son père : s'il est sobre, il la laisse quitter la maison mais s'il ne l'est pas, il frappe sa fille et l'empêche de quitter la maison. 

Christian et Marie-France mettent rapidement en place un système de ramassage scolaire. « Papy venait me chercher chez moi et parlait avec mon père pour qu'il me laisse à l'école » se rappelle Sokunthea. 

Christian des Pallières avec Leakhéna et Sokunthea sur l'ancienne décharge

La jeune fille va pour la première fois à l'école alors qu'elle a déjà 11 ans. Sa première maitresse, Sopheap, est une des premières professeurs de PSE et y travaille encore aujourd'hui ! Sokunthea est très admirative de sa maitresse qui ne se décourage pas devant les difficultés de la jeune fille et qui est très impliquée dans l'apprentissage des enfants pauvres. « Je me souviens que j'avais beaucoup de difficultés à apprendre à écrire des lettres. Je n'avais jamais tenu de crayon de ma vie donc je ne savais pas comment faire, c'était très dur. Mais Madame Sopheap continuait de m'aider pour que j'y arrive. » Grâce à sa ténacité, sa volonté d'apprendre et l'aide de ses professeurs, Sokunthea a réussi à apprendre à écrire et a pu continuer sa scolarité. 

Pendant ses premières années à PSE, la jeune fille avait beaucoup de problèmes respiratoires liés au mauvais air et aux fumées de pollution qui se dégageaient sur la decharge. Elle a eu un suivi médical quotidien pendant une longue période. Chaque jour, Papy lui disait « Sokunthea, tu dois aller voir le docteur ! » mais elle y allait à reculons... « Je n'aimais pas les médicaments qu'on me donnait et le docteur me faisait des piqures pour des vaccins, ça me faisait mal, j'avais très peur à chaque fois ! Heureusement, après les consultations, Papy me donnait des bonbons, ça allait tout de suite beaucoup mieux » se souvient-elle en riant. 

La construction d'un futur

Après le décès de la mère de Sokunthea, les six enfants de la famille sont allés vivre avec leur père. Il décèdera peu de temps après. Christian et Marie-France propose à la fratrie de venir vivre à PSE, au pensionnat qui accueille les enfants n'ayant pas de foyer ou en danger dans leurs familles. Ils sont finalement accueillis dans une famille d'accueil, solution qu'ils préféraient. 

« Pour moi, PSE c'est ma famille, ma maison, là où je me sens en sécurité. Papy et Mamie [surnom donné par les enfants à Christian et Marie-France des Pallières] sont tout pour moi. C'est eux qui m'ont appris à être une bonne personne. Ils m'ont enseigné le partage et l'importance d'aider les autres. On appelait Papy "Mister Helpful" car il était tout le temps en train d'aider les personnes qui en avaient besoin ! » explique Sokunthea. 

Sokunthea a continué sa scolarité à PSE jusqu'en première puis elle a suivi une formation professionnelle en Marketing et Vente, même si au début elle se voyait plutôt avec une caméra à la main, comme Christian des Pallières, qui adorait l'audiovisuel. 

Suite à sa formation, Christian lui propose de venir travailler à PSE, au sein du département social, pour être au contact des familles et des enfants vivant dans des conditions qu'elle connait bien et qui attendent d'être aidés à leur tour. Après une semaine de réflexion, elle accepte ce travail qui deviendra un projet de vie. « PSE m'a tout apporté : de la nourriture, une éducation, de la sécurité, un avenir... Il était temps pour moi de redonner ce que j'ai reçu et d'aider à mon tour des enfants qui en ont besoin. »

Les premières années à ce poste ont été difficiles pour Sokunthea. « Je ne comprenais pas tout du travail qui m'était demandé. C'est très différent d'être aidé et d'être celle qui apporte l'aide » explique-t-elle. Au fur et à mesure, elle prend confiance en elle et surmonte les difficultés. Elle s'est également beaucoup inspirée des méthodes de travail de Christian pour conseiller les familles, en priorisant toujours le bien-être des enfants. 

Cela fait maintenant 12 ans que Sokunthea est assistante sociale au sein du département social de PSE. « Je veux aider PSE et pour cela, je dois tout connaitre de mon travail » affirme-t-elle. Elle se sent aujourd'hui prête à prendre plus de responsabilités : une belle ambition qui s'inscrit dans sa démarche de suivre le chemin que Papy et Mamie ont emprunté 25 ans plus tôt. « Ils n'étaient pas cambodgiens et ils ont fait tellement de choses pour ce pays ! En tant que Cambodgienne, je veux pouvoir faire pareil et aider ceux qui en ont besoin. J'ai appris à ne pas avoir peur des obstacles et à faire au mieux pour aider les autres. Papy et Mamie sont des super héros pour moi ! J'admire énormément Mamie qui continue à tant donner pour les enfants, même à son age » explique Sokunthea. 

En 2016, elle et son frère Samedi reviennent avec émotion sur leur parcours dans le magnifique film-documentaire "Les Pépites" de Xavier de Lauzanne. 

La crise du Covid-19

La crise du Covid-19 impacte fortement le travail de Sokunthea qui ne peut plus se rendre dans les familles, pour limiter la propagation du virus. « C'est motivant d'être sur le terrain. J'aime voir les enfants sourire et venir me dire bonjour quand je vais visiter les familles. Ils me manquent beaucoup ! Nous passons beaucoup de temps dans nos bureaux car nous faisons un suivi téléphonique des familles. Lorsque nous n'arrivons pas à les joindre, nous organisons une visite chez eux, en mettant en place des règles de sécurité sanitaire. Souvent, les gens dans les villages ont peur de la maladie, donc de nous » explique la jeune femme. 

Depuis le mois de mars, les écoles sont fermées au Cambodge. Tous les enfants de PSE doivent rester chez eux mais beaucoup n'ont pas les outils nécessaires pour suivre des cours en ligne. Alors Sokunthea craint que beaucoup d'entre eux, ayant déjà des difficultés scolaires, quittent le système scolaire. Dès lors, PSE a mis en place une distribution papier des devoirs à faire à la maison, que les assistants sociaux vont distribuer puis ramasser. C'est l'occasion pour Sokunthea et les assistants sociaux de prendre des nouvelles des enfants. 

Elle s'inquiète aussi du risque de faim : « Ici au Cambodge, si on n'a pas de travail, on n'a pas d'argent et on ne mange pas. PSE va avoir besoin d'aide pour soutenir les familles touchées par cette crise et assurer aux enfants des repas quotidiens ».

Bien que la pandémie inquiète Sokunthea, elle ne se décourage pas et résume avec émotion la situation : « Tous ensemble, nous y arriverons ! ». Un beau message d'espoir et de solidarité. 

Pendant la crise, nous distribuons chaque mois des paniers alimentaires à plus de 1 600 familles qui ne peuvent pas s'acheter de quoi manger.

Ensemble continuons d'aider les familles !

1 mois
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Soit 10€
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2 mois
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Après réduction fiscale

3 mois
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(jusqu'à la rentrée de septembre)
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