Pour un Sourire d'Enfant participe à Cap Martinique ! :

Pour un Sourire d'Enfant participe à Cap Martinique !

Philippe Triem, skipper en solo, soutient Pour un Sourire d'Enfant pour une course à la voile unique et engagée !

La transat Cap Martinique

De La Trinité-sur-Mer à Fort-de-France, la transat Cap Martinique est une course à la voile en solo ou en duo, unique et engagée. Chacun des 60 bateaux en lice devra porter les couleurs d'une cause de développement durable ou sociétal. Départ le 14 avril 2024 pour 3 800 milles à parcourir ! 

Philippe Triem, skipper engagé pour les enfants du Cambodge

Âgé de 60 ans, Philippe Triem, entrepreneur de la tech, amateur de poésie, aime l’océan pour s’y retrouver et s’y perdre. La course est aussi un prétexte pour retrouver ses amis et néanmoins concurrents dans une fraternité née dans son équipe rochelaise.

« La mer m’inspire et me nourrit », dit-il, « entre dépassement de soi et communion avec le grand tout. »

Pour cette transatlantique en solitaire sur son Sunfast 3600, Philippe a choisi d’être le skipper de l'association Pour un sourire d’enfant (PSE), qui vient en aide aux enfants les plus pauvres du Cambodge. Fondée il y a plus de 25 ans par Christian et Marie-France des Pallières, un couple de français, l'association offre un futur à des milliers d’enfants par l’éducation et la formation professionnelle. « Je suis fier de porter les couleurs de PSE et de contribuer à ce mouvement aux cotés des nombreux bénévoles à travers toute la France. »

Suivre la course et la progression du skipper PSE !

Objectif : 3 800 miles à parcourir, 3 800 journées d'école pour les enfants à financer !

2€
1 journée d'école pour un enfant

10€
1 semaine d'école pour un enfant

40€
1 mois d'école pour un enfant

120€
1 trimestre d'école pour un enfant

360€
1 an d'école pour un enfant

* Montants correspondants au budget 2024 de l'école de rattrapage scolaire de l'association à Phnom-Penh, Cambodge

Journal de bord

Retrouvez ici des nouvelles régulières envoyées en direct par Philippe Triem, notre skipper !

Dimanche 5 mai…Dernier Round

Les derniers jours avaient été les pires. Il ne restait que 24 h à courir, j’avais eu mon lot d’infortune, je n’avais rien laché et réussi  à me tirer de tous les chausses-trappes de la navigation sous spi dans des airs instables, sans rien cassé et en préservant mon grand spi. Je jouais les bords rapprochant, il était 23 heures, j’avais sorti mon pouf et mon oreiller pour une petit somme avant la journée de demain. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. 
3 heures du matin, la faible traction du bateau et un flappement régulier suspect des voiles me réveille, pris d’angoisse je me mets à 4 pattes,  pose  mes mains sur le franc-bord pour voir le spi…. Mon cri de désespoir fend le silence de la nuit, une cocotte sérieuse s’était formée, englobant le spi, les 2 balancines, la drisse de génois et la deuxième drisse de spi qui, fixée en amont des haubans  sur la filière s’était trouvée embarquée par la gourmandise morbide de cette cocotte. 
La nuit était noire et faute d’éclairage de la lampe de mât toujours HS, je ne parviens pas à enrayer dynamique de formation de ce qui deviendra un noeud gordien. Après 2 heures  d’empannage, contre-empannages et tractions sur les différents protagonistes de cette cocotte, je dois me rendre à l’évidence, je ne peux rien faire, encore moins de nuit sans lampe de mât et sans torche, mes frontales ne suffisaient pas . 
Je me mets sur la route directe sous grand voile et vais me coucher jusqu’au lever du jour. 
À peine l’aube timide annonce le nouveau jour que je suis sur le pont pour un diagnostic éclairé de la situation. 
Toutes les drisses, balancines et l’étai sont immobilisées, étouffées par le spi qui agit comme un boa constrictor sur toute la longueur de l’étai. En haut,  c’est assez simple ce sont plusieurs dizaines de tours qu’à fait le spi autour de l’étai, au milieu un énorme noeud qui prendra des heures à dénouer. 
À ce stade j’ai 2 options: ne rien faire et continuer sous GV ou monter au mât pour libérer la partie haute et se donner une chance de dénouer le milieu de l’étai. 
Monter au mât!
Je l’ai fait, je m’y suis entraîné…au port !
Ici et maintenant, l’histoire n’est pas la même, je suis seul au milieu de l’atlantique, le bateau avance il y a un clapot d’ 1 m 50 et une petite houle dans 15 noeuds de vent qui se renforce.
Les légendes et histoires de monter au mât en solo ou en double défilent dans ma tête. 
Il y a celles où le skipper monte et celles où il ne monte pas. Jean Luc qui lors d’une Transquadra parcourut des centaines de milles sous Grand voile, il avait eu assez d’eau et la patience. Jérôme qui était monté en duo winché par son équipier, était descendu couvert d’équimoses, comme roué de coup dans une prison de Medelin. 
Puis ce bateau retrouvé sans skipper, où seul son harnais accroché au mât racontait la possible histoire de sa mort. Trahissai-je en montant, la promesse à mes enfants d’être prudent ? Non, question suivante …
Indubitablement, c’est risqué. Après 30 minutes d’évaluation, je décide de monter au mât pour démêler le spi en haut de l’étai. j’appelle Vincent, mon ami marin référent à terre qui se charge de relayer les informations à la direction de course et à mes enfants. Je lui fais part de ma décision ,et lui précise « si dans quatre heures je ne t’ai pas appelé tu préviens la direction de Course » c’est que j’ai un souci.
Je me sens en bonne condition physique, avec une fatigue générale mais pas de fatigue musculaire. Je respire, me calme, évacue les images funestes qui ont marqué la course et me concentre sur mon seul  objectif: Monter! 
Je mets le harnais, me chausse, enfile un legin pour atténuer les coups que je sais à venir. J’attache un seau à ma ceinture, assez proche pour limiter son balancement et pas trop près pour ne pas me gêner. 
À l’intérieur j’y mets mon leithermann, un couteau une drisse et des dizaines de rabant. Il n’y a plus qu’un bout disponible, c’est la partie descendante de la drisse de secours , fixée à l’extérieur du mât et qui servait de balancine. J’ai peur, je respire, c’est parti. 
C’est un peu comme un montée de corde en cours de gym à l’école, on monte les jambes, on pousse sur les jambes, puis les mains, on fixe les mains et on monte les jambes etc…
J’ai 2 poignées qui glissent le long de la drisse. L’une reliée au pied par un bout qui dessert 2 boucles où sont glissés mes pieds et sur lesquelles je pousse pour me hisser, l’autre reliée à mon harnais qui est bloquée  et ne peut descendre quand elle est sous tension  sauf à activer une poignée de libération qui laisse filer plus ou moins vite la drisse et permet de descendre, en tirant doucement on descend doucement, en tirant fort, on descend vite. La séquence de montée est …donc je me laisse choir pour mettre la poignée du harnais en tension, je monte les genoux, je hisse la première poignée, le pousse sur les pieds libérant la tension de l’autre poignée du harnais que je monte. Je me laisse choir à l’issue de ce cycle j’ai progressé de  20 à 40 cm, le mat fait 13 mètres, monter au niveau du deuxième niveau de barre de flèche à environ 10 mètres suffira. 
Donc environ 33 cycles à faire. 
Je démarre mon ascension, cela bouge un peu au début, mais l’amplitude et la violence des balancements et des chocs s’accroît avec ma progression. Arrivé au tiers, au niveau du premier étage de barre de flèche, je suis déjà très éprouvé, j’ai beau enserrer le mât avec mes cuisses, avoir glissé mon bras entre le mât et le guindant de Grand voile, je suis comme un fétu de paille, malmené se heurtant au mat en carbone, aux haubans en acier, mon corps est comme rossé, les tibias, les côtes, les bras, la tête. Pour couronner le tout, j’ai soif, je suis déshydraté et je suce un doigt pour saliver. J’ai ounlié l’eau et hors de question de redescendre en chercher. Le doute s’insinue dans mon esprit .. vais-je y arriver… c’est dur et chaque centimètre gagné me rapprochant du but s’accompagne de douleurs  et de chocs plus violents. Je ne peux plus avancer, je suis à la moitié, je dois attacher mon corps au mât pour ne plus valdinguer d’un côté à l’autre. Je passe un raban atour du mât et de moi, le serre au mieux… ouf… ça bouge toujours mais moins et me consacre à l’ascension. Le problème est qu’à chaque coulisseau qui relie la grand voile au mât,je dois défaire le raban et le reprendre au dessus du coulisseau. Plus tard mon ami Alex me dira «  il fallait en mettre 2 comme ça quand tu détaches le premier tu es toujours tenu par le second » pas faux …
Bref j’arrive, au bout de ma vie ‘, au deuxième niveau de barre de flèche. Impossible d’aller plus loin, même attaché, je ne suis qu’un pantin désarticulé. Je mets mes 2 pieds sur les barre de flèches, entoure le mât avec mes bras et reprends mon souffle. Cela fait plus d’une heure trente que je monte. Je regarde en bas le bateau si petit, au loin l’horizon marqué par la séparation des bleus du ciel et de la mer. C’est beau. Je suis seul… j’y suis presque… le vent est plus fort..20 noeuds, 1m 50 de clapot et une petite houle, ces conditions transforment  le beau en enfer . Il faut aller vite, je sens que je touche aux limites de mon endurance et que je n’arriverai bientôt plus à supporter les coups.
Le spi et sa drisse sont à portée de main. 
Je détache la drisse, saisis celle que j’avais emmené ,l’y attache et la laisse tomber en bas .1-0 première victoire, j’ai récupéré la drisse. À cette hauteur l’étai et le spi sont à portée de main, un bras étreint le mât comme un enfant sa mère pour son premier jour d’école, l’autre est tendu vers l’étai et commence à défaire le quarante tours. En quelques minutes c’est gagné, le point de drisse du spi tombe sur le pont..2-0 objectif  atteint, j’entame la descente. 
Je tire doucement sur le levier de descente et me retrouve rapidement entre les 2 barres de flèche quand une bourrasque ou une vague scélérate me projette en arrière et je tire par réflexe sur le levier qui libère la poignée et me met en chute libère sur 2 mètres avant d’être arrêté par la poignée d’une part et part la barre de flèche bâbord sur laquelle  je viens de m’écraser 2-1. Je reprends mes esprits, m’agrippe au mât,fait rapidement un bodyscan , je n’ai rien. Certainement un hématome que l’adrénaline me cache. Je poursuis la descente et arrive vite sur le pont. 3-1.. j’ai réussi. J’appelle Vincent :  « c’est bon j’ai réussi, tout va bien. Je m’attaque au problème du noeud du milieu »
Il me faut 2h30 supplémentaire pour sauver la voile et la dénouer, 45 mn pour démêler drisses et  balancines et 30 mn pour tout ranger et relancer le spi … PSE était reparti. 
Nous avons perdu 25 MN mais sommes toujours à 5eme place devant Vaiana. 
Fin de journée nous passons l’îlet des cabris,le diamant et entamons la dernière l’île droite, la nuit est tombée, je suis Fastlane-Echo-mer, le duo Jérôme et Stéphane qui m’a  passé suite à l’erreur d’avoir été à la côte.
J’affale le spi, me mets au reaching pour ne pas trop être près de la côte, le vent mollit, je me traîne.
C’est lors de ces derniers milles que Vaiana va passer devant, il est plus rapide que moi. Il doit avoir son grand génois. Je suis avec ma petite voile d’avant, avec la quille manchonnée de sargasses que je n’ai pas réussi à enlever. 
Je suis partagé entre du dépit, avoir mener pendant des dizaines de centaines de miles pour se faire passer dans les 5 derniers, du pragmatisme, il va un noeud plus vite, J’assume j’aurai dû le contrôler,  il passera la ligne 20 minutes avant moi, c’est comme ça , je suis heureux malgré tout. 
Il fait noir, les lumières de Fort de France éclaire le plan d’eau, c’est bientôt fini. Je range le bateau, vais me changer et enclenche mon dernier virement de bord avant de passer la ligne. La course défile par bribes dans ma tête. Je pense à PSE, me demande combien de fonds ils ont récolté et combien de sourire d’enfants et de vocations cette course aura suscitées
À bâbord j’entends une vedette s’approcher, 


J’entends des applaudissements des bravos, des bravos papou, les larmes me montent aux yeux.´. Je leur crie  «  je vous aime » , mon fils Adrien est à bord avec son amie Talita et Philippe un ami Rochelais qui a fait le déplacement. 
Hotel California des Eagles résonne dans la baie, tandis que glisse vers la fin de son périple mon fidèle destrier qui n’aura pas failli. 
Je viens de passer la ligne, les yeux mouillés et me dirige vers le ponton d’honneur pour recevoir un accueil digne d’un champion comme tous les participants de cette course mémorable, la Cap Martinique 2024.

Samedi 4 mai

« Étrange phénomène météo, on se croirait avec Jack sparow sur un bateau fantôme….
Au milieu de l’Atlantique une bulle de molle non identifiée dans les fichiers grib est tombé sur PSE. L’anémo indiquait de 10 à 12 nds de vent mais en bas, au niveau des voiles, rien. Enfin 4 à 6 nds, le bateau se traîne à 3-4 noeuds, je ne sais combien de temps ça va durer, cela fera 1 heure bientôt.

5 Mai 5heures du mat’ j’ai des frissons… journée noire pour PSE.
La quille est entourée d’un énorme manchon de sargasse  qui a concouru à la la mauvaise performance de cette nuit. 
Il va falloir l’enlever. 
Alors que je réglais la hauteur du tangon avec la balancine, ce dernier s’est décloché et a provoqué un colossal départ au lof avec une cocotte autour de la trinquette, de l’étai, de la drisse de génois, de la balancine… le spi a fini dans l’eau, est passé sous le bateau se prenant dans la quille et les safrans. J’ai passé, je ne sais plus, environ 1 h30 à le récupérer sans casse. une autre peripetie de ce genre avec l’envoi d’une flambante neuve chaussette à spi que je m’étais mis en tête d’utiliser pour éviter les affalages à répétitions et se débarrasser des sargasses.

J’ai jeté mes dernières  forces dans la bataille pour récupérer la situation et le spi, là aussi 1h30 en travers de la route. Je ne me suis pas arrêté tant que je ne fus pas en ordre de marche, j’ai fait les comptes après, beaucoup de temps perdu mais rien ne l’est. PSE est de nouveau complètement opérationnel et prêt à livrer le sprint final… qui a déjà commencé. »

Jeudi 2 mai :

« C’est 3 à 4 jours sous spi babord qui nous attendent et même si les distances entre les concurrents sont grandes, mais pas toutes, il faut aller le plus vite.

La météo est sûre à 3 jours, à 4 déjà moins… alors… Haro sur le baudet… je m’active jours et nuits sur les réglages pour faire la meilleure vitesse, selon la mer, le vent et les objectifs et c’est un peu d’écoute ici, une once de bras là, une pincée de barber, quelques centimètres de balancine, un peu de tension de Hale bas de tangon, une coudée de hale bas de bôme, un zeste de reprise de l’écoute Grand-voile et l’inverse pour l’écoute de trinquette... Et ben voilà c’est tout de suite mieux… on a gagné 0,2 noeuds . C’est pas l’tout mais faut que je file prendre un ris 3 vrac en un quart d’heure c’est trop.

….

Voilà c’est fait.

Je féraille avec Vaiana , verdict en fin de journée.

À part ça, ici sur PSE 17N -48 W tout va bien. »

Mercredi 1er mai :

" Hier fut la pire journée pour PSE du point de vue de la course et après le passage de la Corogne et du premier jour de la descente sur Madère. 
Par deux fois j’ai été mangé par la molle avec des vents tourbillonnant et sans cesse changeant, pendant près de deux  heures à chaque fois sans parler de ce nuage, mes nerfs ont été mis à rude épreuve mais la patience a fini par l’emporter.  J’en ai profité pour écrire. 
Depuis ce matin le bateau va bien, entre 8 et 15 nds de vent d’Est - sud est, au reaching sous grand spi et trinquette, ce qui s’avère un très bon choix ( La trinquette) qui coûte 2 millième de rating (handicap). J’ai Vaiana skippé par Hervé Aubry en ligne de mire.

Ce long bord de près de 1000 Miles, et autant de repas j’espère, sera le dernier.
 Première nuit sur le pont, je suffoque et sue à grosses gouttes dans la cabine, à la belle étoile, sous la voûte céleste comme on ne la voit jamais. L’occasion de revers d’admirer la multitude de constellations, de jouer à les reconnaître. 
3H TU
je suis réveillé par un grain, juste le temps de rentrer duvet, pouf et oreiller étanche, pour ne pas prendre ma première douche antillaise. ce sera pour plus tard. 
Voilà les nouvelles du bateau PSE - 19 degré Nord 46 degré Ouest."

Mardi 30 avril : 

"Je n’écris pas trop fort pour ne pas faire bouger le bateau…
Mer plate, léger clapot, petit vent de 6 à 7 nds,  c’est la molle. Et nous sommes en plein dedans, ça va durer près de 18 heures, enfin ce peut être plus ou moins et cela varie selon les modèles météo. J’en utilise principalement 4 différents. Le modèle américain (GFS), 2 modèles européen ( ECMWF et ARPÈGE), le modèle Allemand (ICON) et souvent ils ne disent pas la même chose. 

Le bateau tient une vitesse entre 5 et 7 nds. 
Coté garde robe, PSE a gardé la même voile. Coté physique, je dois concéder éprouver une certaine fatigue et des difficultés à récupérer. Coté mental, je suis lucide et positif. Comme dit le proverbe, « c’est à la fin de la foire qu’on compte les vaches », je ne fais pas trop d’extrapolation, à l’instant, je me focalise sur faire avancer le bateau. Savoir l’émulation autour de la course, l’interet de Tanguy, et que les dons pour les repas augmentent est une telle source de satisfaction. 
Je descends légèrement au sud, sans pénaliser ma vitesse, espérant toucher un peu plus de vent."

Lundi 29 avril :

" Cette nuit j’ai changé de robe, j’ai  quitté mon code 0 pour mon foc, vers minuit. 
Cendrillon n’est pas loin. Je rêve de nuage- grenouille tirant mon carrosse-bateau loin du pays de l’empetolation où règne sans partage  la reine Pétole et le roi Molle. 
Il est possible que la phase de distribution des cartes soit arrivée et que ceux ayant joué à gauche soient récompensés en jours des miles investis. L’avenir le dira. À bord de PSE tout va bien, on écoute du Jazz et j’ai des discussions nourries avec les polonais cachés dans le cockpit, comme je vous le disais tout va bien."

Dimanche 28 avril :

Un peu avant l’aurore une alarme retentit, celle des sous marins quand on appuie sur le gros bouton rouge, je suis sûr ça vous parle, elle signifie que le vent a tourné de plus de 25 degrés, c’était prévu, c’est arrivé. Cela fait 3 jours que je navigue avec la même voile, mon grand spi bleu  qui a si bien rempli son office.
Le vent a pris de la droite et il faut gréer un spi asymétrique pour garder la même trajectoire et être plus près du vent. Cela me prendra deux fois plus de temps, que d’habitude. Ma lucidité est entamée et je vérifie 3 fois chaque action, le pire étant une manœuvre qui se passe mal. 

Ça y est après 45 minutes je suis sous A5 je remonte à 120 degrés du vent dans 20 noeuds. Épuisé par cette manœuvre anodine, je laisse tout en plan et vais me coucher. 
2 heures plus tard ça va mieux, je recharge mes batteries, pas celles au lithium, flocons d’avoine aux fruits, banane séchée et nescafé….Aaah … le kif!
Pris de paresse, je repousse le rangement du Bronx à après la météo et les routages. Tout cela terminé, ce sera la douche,  c’est à dire seau d’eau de mer, et savonnette de mer…

Il ne me restera plus qu’à rédiger mon post quotidien de journal de bord… je vous épargne également le réglage en continu du bateau qui tient de bonne vitesse depuis 36 heures. 
Hier, Pascale de Pour un Sourire d’Enfant(PSE) l’association que je soutiens et qui, je l’espère à pu collecter autant de repas que de milles parcouru ou plus, m’a transmis les encouragements de Tanguy le Turquais, jeune marin émérite qui a brillé par sa persévérance sur la Jacques Vabre et qui prépare le Vendée Globe… et bien ça m’a fait plaisir … 
Bientôt il va falloir faire des choix pour passer la molle et quelques dizaines de miles d’écart maintenant vont se transformer en jours  à l’arrivée, il y a ceux qui vont passer tout droit et ceux qui vont devoir faire le tour de la paroisse …
Aléa jacta est.

Samedi 27 avril : Poème du jour écrit par Philippe

La cap Martinique fait des pieds et demain …est un autre jour 

Il est allé le marin 
il allé loin 
Traverser l’Atlantique 
Saluer la Martinique

Épris de conquête 
Sur l’océan fascinant 
Il Part pousser par le vent 
Réaliser sa divine quête 

Il le sait,  ce sera l’eden 
Et ce sera l’enfer
Il subira la peine
Côtoiera Lucifer 

Il part défier l’océan et ses lames
Fort de son courage et sa grandeur d’âme
Dit adieu, à jamais, pour toujours
Dernière étreinte et derniers mots d’amour 

Un à un les skipper salués par la foule
Larguent les amarres, attendus par la houle
La Trinité sur mer regarde ses marins partir
Certains pourront peut être ne pas revenir.

Il est seul face à la force du grand bleu
Chevalier sans peur au grand cœur
Pour une course transatlantique 
Engagée, solidaire et fort éthique

Chaque skipper porte une cause 
Récolter des fonds, aider ou nourrir
Pour un sourire d’enfant qui Ose
Ou le bonheur pour tous  pour guérir

L’amiral a donné le départ 
Sortir de la baie contourner belle île
Et s’ouvre devant les soixante quillards
Le golfe de Gascogne tranquille

Navigation douce jusqu’à la Corogne 
Ou Neptune et Eole les cognent, 
Déchirant leurs voiles, défiant les skipper 
Le grand danger du cap Finistère

Il est aller le marin
Il est allé loin 
Douleur amère 
Happé par la mer

La flotte en deuil sous le choc 
Rend hommage au marin
Poursuit  son chemin
Tandis qu’à terre suffoquent

La famille et les proches.
La descente vers Madère
Contraste avec  l’enfer 
Et dame Petole  s’accroche 

Les grandes glissades sous spinnaker
L’océan immaculé, les nuages moqueurs 
Le désert océanique, telles les sirènes, 
Font naître des émotions que rien ne freine

Au delà de la course qui fait rage
Le silence, l’absence de mots
L’âme nourrie l’esprit grandi,une autre page
S’écrit  effaçant les maux 

Vingt noeud de vent d’Est 
Mer peu agitée , houle modeste 
Dans neuf jours, ils passeront la ligne
Régis, Paolo,Jean François, Ludovic, dignes

Mènent la course des solos, ils sont doués 
Rien  n’est joué
Arriver sera déjà une victoire 
S’écrira alors la fin de l’histoire 

Il est allé le marin 
il est allé loin 
Traverser l’Atlantique 
Saluer la Martinique

Mercredi 24 avril : dans la nuit de mardi à mercredi...

" Je suis très fatigué, j’entends parler dans le bateau parfois. 
Ne pas savoir où se trouve la flotte me stresse d’un coté et  d’un autre  j’aime l’idée de naviguer sans autre but, le syndrome Moitessier. 
Il y a PSE et ces fonds récoltés pour payer des repas par la générosité des uns et des autres, je pense aux enfants, à ceux qui se démènent pour eux… j’avance à  7.1 nds parfois 5 nds. Il n’y a rien à faire,  je suis à 160 deg du vent en tribord … je ne peux abattre plus et si je lofe je l’éloigne de la route directe , sans aucune info c’est insensé. » 

Depuis ces dernière nouvelles nous l’avons eu au téléphone, l’iridium est réparé ! Il est en 5ème position et continu sa course ! 
Vincent, un ami de Philippe, nous à indiqué que sa petite panne de pilote est vraissemblablement du à un petit soucis de batterie, nous l’avons eu au tel et prévenu pour qu’il y fasse plus attention, et la recharge régulièrement !

... puis la journée du 24 :

" Tout va bien sauf un spi déchiré mais c´est normal et réparable. 

Les premiers grains… Il fait gris et humide entre 22 et 27 noeuds de vent et des claques à 33, c’est le moment de tester les réparations du spi S3 et ça marche . 
Ce sera une belle journée, d’eau tiède tombé du ciel qui s’éclate dans l’étrave, seul bémol la mer est formée et pas rangée, le bateau fait des embardées, fatiguant in fine. 
Funeste début de nuit, une rafale de 32 noeuds fait partir le bateau au lof et le beau spi gris se fend sur toute sa largeur comme un sourire de Joker… pas drôle.
Je serai économe du grand spi restant !
Après sa récupération j’ai dormi 4 heures d’affilée … ça fait du bien!"

Mardi 23 avril : 

" Iridium est HS, cette nuit, j’ai pu attrapé un extremis à la VHF « Écho-mer » rôdant d’ordinaire du coté de La Rochelle sous le nom de Fastlane, pour lui demander de prévenir la direction de course.
J’écris en me disant que ce post ne partira jamais… au moins j’aurai une trace pour les longues soirées d’hiver. 
Cette course aura été marquée par un nombre hallucinant de problèmes électroniques,électriques,de communication et de logiciel. J’en profite pour remercier mon ami Henri pour Sailgrib qui me sauve la mise côté logiciel jusque la …. Seulement avec Iridium en rade, même le meilleur logiciel de navigation est comme le H de Hawaï.

Le spi se dégonfle et se regonfle en ébranlant tout le bateau, certes ce n’est pas le Class 40 de l’ami Stéphane mais c’est inquiétant parfois. 
J’espère que les enfants ne s’inquiètent pas trop ( nous le suivons avec attention et l’avons eu au téléphone depuis tout va bien :) ) , j’ai fait prévenir vincent par Jérôme d’echo-mer que j’ai eu en VHF juste avant le black out. Vincent a dû prévenir les que j’étais isolé, ils peuvent toujours me suivre sur la carto … mais c’est différent. 

Pas grand chose à faire aujourd’hui…. Sauf reconnecter la box wifi NKE avec mon PC, simple mais il faut percer un trou dans la table à carte pour y faire passer un câble, plier mon spi fraîchement réparé que j’enverrai au prochain empannage, préparer une omelette lyophilisée au fromage, … en appeler aux forces invisibles et taper sur l’iridium pour qu’il remarche….A cet instant, le bateau est sous pilote « vent réel » avec une consigne à 155 degré du vent, il y a 12,5 nds de vent d’Est , qui devrait prendre de la gauche slowly slowly le bateau glisse sous grand spi à 7 noeuds."

Lundi 22 avril : un ami de Philippe nous donne de ses nouvelles !

« Tout va bien sauf son iridium go qui est hs à priori. Il a contacté un autre concurrent qui m a prévenu. Après, il n’est pas isolé et aura accès à des informations limitées sur la météo avec la vhf, pareil pour la sécurité. Ils naviguent en flotille avec des vitesses et routes similaires ce qui est rassurant..espérons que ce problème se résolve car ça fait quand même plus de 12 jours de course restant sans nouvelles fraîches.

Philippe est toujours sixième. Il devrait bientôt empanner et on est avec lui pour qu’il reprenne des milles sur la tête de la course! »

Dimanche 21 avril :

« Au secours … les sargasses sont à Madère. 
Vous ne pouvez pas les manquer soyez attentifs …cette petite algue verte a traversé l’atlantique. Arrivé à la pointe ouest de Madère que j’ai laissée à quelques centaines de mètres, après avoir longé sa côte nord, somptueuse et fière face aux Amériques. 
Quelle belle journée où les corps endoloris et crispés ont pu commencer à se détendre et se réchauffer sous le soleil du 32 eme degré de latitude nord.

La proximité de Madère  a fait s’éveiller les petites barres de mon téléphone et j’ai pu entendre des voix chères à mon cœur, qui réchauffent plus encore que le soleil de l’Archipel. Tout comme cette bonne nouvelle, PSE a déjà reçu des dons pour 1350 journées d’école et repas .Ça donne la banane pour commencer la journée.

Route vers les Antilles, rien n’émerge devant , j’affame mon spi symétrique blanc et envoie le grand …bleu. Gros programme aujourd’hui, changement du pansement des doigts, brûlés par une drisse lors de l’envoi du spi au cap Finistère, rangement, et gros atelier couture pour réparer le spi, déchiré lors du dernier vrac, mais avant ça… réglage! Je vais y passer plus d’une heure pour atteindre la bonne speed. L’eau est d’un bleu extatique, envoûtant, royal. 
Je vois 3 petites voiles à  l’horizon …Go go go!  La nuit tombe je suis cuit et vais dormir du sommeil du juste, satisfait de ma trajectoire et de ma vitesse. »

Jeudi 18 avril : 

« Au matin du 18 à l’aurore, j’étais à pied d’œuvre et 1 heure plus tard tout etai (t) en ordre et me voilà reparti dans la course ! » 

Philippe Triem a pu se reposer et réparer. Il est un peu frustré par le manque de vent et reste très prudent.

Mercredi 17 avril:

« Les gribs (carte météo) ont tenu leur promesses : grosse mer et du vent, 33 nds établis rafales à 40-50 nds à 150 degré du vent en tribord, la houle nous cueille sur le tiers arrière et embarque souvent le bateau au lof sous pilote ou pas.
Par certains côté cela ressemble au fastnet 2023 le soleil en plus, une houle plus longue et moins croisée. Ce fut un peu la guerre.
Mon passage à la côte, près de porto lumiar, m’a permis d’accrocher la 5g, de télécharger des gribs et surtout de régler mes problèmes d’iridium et de position.
La nuit écartait ses volets pour montrer la lune, elle était noire comme la mer.
Ce matin même histoire, du vent et des vagues et un ciel bleu, nous filons vers madère ou la météo aura un autre visage. » 

Philippe Triem va bien malgré quelques réparations à effectuer. Le vent va s’affaiblir, il en profitera pour reprendre des forces

***

«  Humeur du soir de la journée : j’étais pourtant bien parti pour ce bord de spi vers madère, le bateau filait tranquille, la mer était plus calme, 20 noeuds de vent, 11 nds de vitesse, je soignais une brûlure à une main avec la pharmacie Archi complète numérotée … quand tout à coup le bateau part au lof brutalement, je sors … et vois le tangon dans les étoiles, une poulie de hale bas de tangon a cédé, il a maté, j’ai choqué la drisse et le spi est venu se déchirer…. Sur le support de go pro que j’avais imprudemment laisser sur le balcon arrière, accessoirement il a chaluté est passé sous le bateau bilan des courses = 1h d’efforts intenses, 1 spi neuf déchiré sur le galon mais réparable, 1 drisse amochée »

Après avoir récupéré le matériel et tout remis en ordre je m’apprêtais à renvoyer l’autre spi, c’était sans compter sur "les emmerdes c’est comme les cons ça vole en escadrille", lors du vrac balancine et drisses ont décidé de danser la carmagnole en haut du mat, le soir tombait, la lampe de mat éclairant l’avant du bateau était tombé en rade, qu’à cela ne tienne, j’utiliserais la torche étanche obligatoire et neuve… devinez…elle ne marchait pas non plus … heureusement que j’ai bien tout verifié au départ ! 
Bref sans torche impossible de démêler les bout en Train de tête de mat. Ce sera GV, foc et dodo, le coût sera de plusieurs dizaines de miles dans la nuit. » 

 

Mardi 16 avril : Premières intempéries

« Le passage du DST du Cap annonçait la couleur, ce que les grains (carte météo) ne nous avaient pas caché. Ciel bleu parsemé de gros joufflus gris clair, un vent autour de 28 nds et des rafales à 36 ou plus, une mer formée, pas très rangée mais la résultante de la direction des vagues était celle du bateau et sa cause ont pulvérisé leurs records personnels de vitesse instantanée et de vitesse moyenne. Nous avons été flashé à 18,5 nds.
Cela s’est terminé , comme il se devait, en vrac monumental dans une rafale à 40 nds.
Pas trop de casse: une écoute de Spi, ce qui est un moindre mal, compte tenu des conditions. L’océan, dans son infinie bonté m’a ramené à plus d’humilité. Je finis sous foc tangonné, mais là aussi , le matériel a souffert.

La journée s’est achevée en flirtant avec la côte portuguaise, histoire d’attraper un petit peu de réseau pour télécharger des gribs et un logiciel pour tenter de fixer mon problème de communication iridium et avant d’aborder la nuit à venir qui promet d’être épique. »

Toutes nos pensées se tournent vers les proches endeuillés du skipper Philippe Benoiton, 63 ans, disparu au cours de la course. 

Lundi 15 avril : Première journée de navigation sur Pour un sourire d’enfant. 

« Tout se passe bien, à l’exception de menus problèmes techniques. Cette nuit le vent était soutenu. 20nds établis de moyenne et des rafales jusqu’à 30 nds+.  La journée fut comme la nuit et des dauphins rieurs sont venus faire une bout de chemin avec moi. 
À ce stade de la course la flotte est encore à portée de VHF et d’AIS, c’est agréable, la solitude est pour plus tard. Demain se négociera le passage de la Corogne. »

 

Dimanche 14 avril : le bateau "Pour un Sourire d'Enfant" part à la conquête de l'Atlantique !

Philippe Triem s'est élancé le dimanche 14 avril du port de La Trinité-sur-Mer pour rejoindre Fort-de-France, à bord de son voilier aux couleurs de PSE. Il est très content de son départ, et le début de la transat se passe très bien. 

Nous lui envoyons tout notre soutien !

Cap Martinique : présentation de Philippe Triem et de PSE par nos bénévoles

Cap Martinique : présentation officielle de Philippe Triem et PSE

Cap Martinique 2024 - Philippe Triem quitte son ponton !

Du mercredi 10 au dimanche 14 avril 2024 de 10h à 19h sur le Port de la Trinité : retrouvez PSE à notre stand

  • EXPOSITION PHOTOS sur l'association Pour un Sourire d'Enfant - Cambodge
  • JEUX ET ANIMATIONS POUR ENFANTS quizz, coloriages, jeux collectifs...
  • VENTES D’ARTISANAT, POIVRE DE KAMPOT arrivant tout droit du Cambodge !
  • RENCONTRE AVEC LE SKIPPEUR ET TOUR DU BATEAU inscription au stand

Et le 13 avril : vente de la brioche du meilleur boulanger de Bretagne, Mathieu Morineau (2021)

Présentation Pour un Sourire d'Enfant

A propos de Pour un Sourire d'Enfant

« Ils ne demandaient qu'un repas par jour et aller à l'école »

Marie-France des Pallières, fondatrice de PSE, vous raconte en deux minutes l'histoire de l'association, créée en 1995 au Cambodge. 
Chaque année, PSE prend en charge 6 500 enfants dans ses programmes d'éducation, de formations professionnelles et assure une prise en charge globale des besoins des enfants.